L'enchaînement Col de la Madeleine - Col de la Loze du Tour de France 2020

Publié le par Cédric & Patrick BERNARD

Route du Col de la Loze côté Méribel

Route du Col de la Loze côté Méribel

Prévue mercredi 16 septembre, la 17ème étape du Tour de France 2020 proposera l'ascension inédite de deux cols de difficulté rarement atteinte dans une Grande Boucle. Nous les avons grimpés à vélo à la mi-juillet.

Bien que l'itinéraire de la première partie de l'étape soit tenu secret par les organisateurs, on peut penser qu'elle suivra le fond de la vallée du Grésivaudan puis celle de la Maurienne, ce qui fera 90 km de plat depuis Grenoble. Il y aura certainement des tentatives d'échappées, et il est probable qu'un groupe (au moins) se présente à La Chambre avec de l'avance sur le peloton des cadors. On y trouvera des prétendants à une victoire d'étape de prestige et des équipiers de leaders placés en éclaireurs.

Entièrement revêtue en 1969, la route du Col de la Madeleine a été au programme de 26 Tours de France depuis la première inaugurale venant du nord, sous la neige aux 2000 m de son sommet. Le col a été grimpé à 12 reprises depuis la Tarentaise et 14 fois depuis la Maurienne, par la route classique rive gauche du Bugeon. Sa montée fut le théâtre de grandes performances, telles l'attaque de Richard Virenque en 1997, celles de Jan Ullrich en 1998, le lendemain de sa défaite des Deux Alpes, de Mickaël Boogerd en 2002, de Stephen Roche en 1987, de Piotr Ugrumov, Bjarne Riis et Nelson Rodriguez en 1994. Elle marqua aussi la fin des espoirs de victoire dans le Tour pour Urs Zimmermann en 1988 et Laurent Jalabert en 1996, tous deux sujets à une mémorable défaillance.

En septembre 2020, le peloton gravira le Col de la Madeleine versant sud par Montgellafray, en rive droite. Ce sera une première. La montée est plus difficile encore que les deux autres versants.

Avec de rares répits, et aussi quelques raidards, les 10 premiers kilomètres s'élèvent à une pente moyenne de 9,1%. La route escalade un coteau plein sud, rive droite, d'abord en lacets puis en s'enfonçant vers la lointaine crête. Si le soleil donne, la sensation d'étouffement est saisissante. Bien que le niveau de l'élite du cycliste soit d'une grande homogénéité, on peut imaginer que la taille du groupe des cadors devrait se réduire dans cette partie. La question de la physionomie de la course sera essentielle. Au vu du menu final, il est difficile de croire que les meilleurs se découvriront, mais il est possible que des seconds couteaux ou des grimpeurs spécialistes demandent à de bons équipiers de faire l'effort sur cette portion, ce qui engendrerait automatiquement des événements de course entre les meilleurs. Le téléspectateur le souhaitera, et s'il est exaucé, l'étape promet d'être grandiose.

Passé le Replat, un kilomètre à 5,5%, les 7 derniers kilomètres seront moins pentus, mais suffisamment raides (7,6%) pour occasionner des difficultés aux moins endurants. Demandant quelques 55 minutes de montée aux meilleurs, l'exercice continu d'une durée rare au Tour de France ne sera pas sans effet sur le haut de la montée. L'ensemble du revêtement de la montée est bon.

Délicate, la descente ne permettra guère de récupérer. A la mi-juillet, la route était en réfection sur 5 kilomètres. Gageons que les travaux seront achevés lors du passage du Tour. Elle sera suivie d'une quinzaine de bornes de plat puis faux plat montant menant au pied de la l'escalade finale vers le Col de la Loze.

Celle-ci s'élève de 1700 m d'une traite, une dénivelée très rarement atteinte dans un Tour de France (seul le Col du Grand St Bernard présente une plus forte dénivelée, mais il est moins pentu et n'a été grimpé qu'à 5 reprises, la plupart il y a très longtemps). A une pente de 8% jusqu'aux Allues, les 5 premiers kilomètres demandent déjà un effort important à des vitesses où l'abri est réduit (de l'ordre de 20km/h pour les meilleurs). Il s'ensuit 12 km à des pentes variant entre 5 et 9%, difficiles bien qu'agrémentés de quelques relatifs replats. Dans cette longue partie, on peut s'attendre à un travail de sape des meilleurs équipiers pour les leaders revanchards.

Il y aura trois quarts d'heure de passés quand les coureurs aborderont les 5 derniers kilomètres, au-dessus de Méribel. Ils seront terribles. Sur une route étroite en excellent état, habituellement réservée aux cyclistes, sa pente moyenne de 10,3% est très irrégulière, avec des passages peu pentus, des replats et même deux descentes! C'est dire que des murs de 15 et même 20% attendront les coureurs entamés par les efforts précédents. Une bonne partie du peloton passera certains endroits à une vitesse à un chiffre. A mon sens, il serait bon (et sain) que cette partie se déroule sans public.

Ouverte en 2019, cette route (qui redescend ensuite sur Courchevel) a été gravie en septembre dernier par les coureurs du Tour de l'Avenir. Elle consistait en une course de côte depuis Brides-les-Bains, soit, passés les 1,5 km de sortie de village, une grimpée de 21,5 km à 7,8% jusqu'aux 2304 m du Col de la Loze. On n'a jamais fait aussi difficile en France. Elle avait été gagnée par l'Australien Alexander Evans. Les meilleurs ont effectué la montée en 1h02. Il n'est pas certain qu'on grimpe plus vite en fin d'étape du Tour de France.

Comme on le lit dans ce reportage de Direct Vélo, les champions de l'Avenir ont commenté la course comme une des plus difficiles de leur carrière, sinon la plus difficile.

L'étape du Tour de France du mercredi 16 juillet est donc très prometteuse. Souhaitons-lui le beau temps!

Publié dans Tour de France 2020

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